C'est ainsi que l'opposition topique de la comédie (les vieux contre les jeunes) prend un sens tout à fait contemporain : les jeunes gens, dont la galanterie et l'amour … Le mariage n'est donc qu'un ensemble de contraintes pour l'épouse, une réalité sociale du XVII° siècle : la femme mariée est juridiquement mineure, cette conception est soutenue par l'Église, Après de brèves salutations, des vers 844 à 852, le passage, qui répond à l’interrogation d’Arnolphe, est, Déjà sa volonté d’abréger les salutations révèle, sa joie, son impatience, son désir de savourer le triomphe dont il est certain, Mais, en même temps, Arnolphe est obligé d’être, hypocrite en continuant à feindre d’être l’ami d’Horac, Une étape a donc été franchie : Arnolphe ne se contente plus de recevoir des confidences, il savoure l’effet de son plan. Mais une morale sans exemples "vertueux" ne saurait être persuasive. » (v. 862), « je trouve fâcheux l’état où je vous vois » (v. 883) accentué par « Certes j’en suis fâché pour vous, je vous proteste » (v. 885). Dans ses "placets" au Roi, Molière en appelle à son puissant protecteur, mais il ne renie rien de sa liberté d'auteur, "le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant. Il interdit alors à la jeune fille de le voir, lui ordonnant de jeter « un grès par la fenêtre » pour le chasser, et lui annonce que lui-même va l’épouser : « Je suis maître, je parle : allez, obéissez. De là vient la structure de l’intrigue, organisée autour de cinq rencontres : à chaque fois, Horace se confie à Arnolphe, sans la moindre crainte. Cela est renforcé par la modalité exclamative, avec les interjections, telles le « Ah ! Arrive alors la troisième gradation, qui définit le rôle de l'époux tout-puissant : "son mari, son chef, son seigneur et son maître". Une telle insistance montre bien qu’il s’agit là du message inscrit dans le titre même de la pièce : dans cette « école », c’est l’amour qui joue le rôle du maître, 1752. Peu à peu, face aux propos d’Arnolphe, elle accède à la conscience de soi. Cependant, elle ne cesse d’être présente à travers les monologues d’Arnolphe et le récit d’Horace : le public mesure l’importance de l'évolution de la jeune fille, et cette scène constitue bien un tournant dans l’intrigue. En même temps, il développe un éloge de sa propre personne pour lui montrer à quel point il lui fait une faveur en l'épousant, mais sans penser un seul instant aux sentiments de la jeune fille. Molière recourt à la technique du « deus ex machina », héritée de la comédie antique. C’est en effet une pièce qui dénonce des défauts humains mais qui interroge également des sujets de société ambitieux comme l’éducation des femmes, la domination masculine… Arnolphe se distingue également par sa complexité presque tragique. Ce sont des femmes souvent fortunées, parfois veuves, qui, grâce à leur situation, sont libres et, surtout, montrent qu’elles sont autonomes et indépendantes. Au rappel grossier du coût de sa nourriture, elle répond à son tour avec mépris : « Non, il vous rendra tout jusques au dernier double. » Mais, en devenant femme, elle a perdu son « innocence », dans le sens étymologique du mot, c’est-à-dire qu’elle a acquis le pouvoir de faire souffrir l’homme, de « faire du mal ». C’est dans le monologue de la fin de l’acte III, après avoir découvert la lettre écrite par Agnès à Horace que, pour la première fois, Arnolphe déclarait : « Et cependant je l’aime » (v. 998). . Le 25 […] Lire la suite. …pour nos abonnés, l’article se compose de 3 pages. Ce texte dépeint une réalité sociale du XVII° siècle : la femme mariée est juridiquement mineure, dépendante en tout du conjoint, et, à sa mort, de son fils aîné. Parallèlement, elle a fait évoluer Arnolphe, qu’elle oblige à un aveu amoureux. Après les confidences d’Horace, Arnolphe a appris d’Agnès elle-même, encore tout à fait innocente, sa rencontre avec lui et son amour naissant. À plusieurs reprises dans la pièce, Molière a insisté sur le fait que l'amour possède une réelle puissance : « l’amour est un grand maître », c'est bien lui qui fait évoluer Agnès. Cependant la fin de la scène montre déjà un éveil du sentiment amoureux, qu’elle ne sait pas encore définir : « […] là-dedans remue / Certain je ne sais quoi dont je suis toute émue. Lorsqu’elle est mariée, elle est coupée du monde, son mari en fait ce qu’il veut car elle n’a aucun droit, pas même celui de gérer l’argent de sa dot ou d’éventuels héritages. Molière considère donc que la plus grande règle est de suivre une morale naturelle, celle qui préserve la vérité des cœurs, sans tomber dans l'excès d'une passion obsessionnelle, telle la peur d'être trompé chez Arnolphe, et en respectant la dignité et la liberté d'autrui, tel Horace qui ne profite pas de la naïveté d'Agnès., Mise en scène de Robert Manuel, 1995 : Emmanuelle Livry et Michel Galabru. Il fait ainsi office de second père, en manifestant sa toute-puissance. Le mariage est alors tourné en dérision. On observe d’abord son aptitude nouvelle à raisonner, soulignée par Arnolphe. La lettre qu’elle a eu l’audace de joindre au « grès » jeté révèle déjà la puissance de l’amour (Acte III, scène 4). Vers 1600, c’est le règne des contes, des farces et des fabliaux, genres littéraires hérités du moyen-âge : l’on s’y moque des femmes et de leurs multiples défauts, et des maris trompés. Est-elle vraisemblable ? Jusqu’à présent Horace faisait surtout l’éloge de la beauté d’Agnès, qui avait été présentée comme naïve et innocence, image que ses réactions face à Arnolphe avaient confirmée. Et une pièce jugée éclatante, une comédie […] Agnès qui exerce sa domination sur Arnolphe. Il faudrait trouver des exemples de bonne moralité chez nos dirigeants politiques, économiques, banquiers... Qu'en pensez vous ? , vers 1650. Il est ponctué d’un aparté, « Jusqu’où la passion peut-elle faire aller ? L’école des femmes, Le Tartuffe, Le Misanthrope, Les Femmes savantes, Le Malade imaginaire I. Cependant, la plupart des responsables politiques interviennent sur le sujet, exprimant souvent, au sein d'un même parti, des opinions opposées. - Acte V, scène 2 : Horace, qui a déjoué la ruse d'Arnolphe, lui confie son projet d'enlever Agnès et lui demande son aide. C'est ainsi que l'Église éduque ainsi les filles dans les couvents. Molière n'en connaît pas moins la gloire, en jouant pour les Grands, pour la Cour, à la demande du Roi qui le pensionne. N’oublions pas que la pièce a été composée l’année même où tant de ses ennemis blâmaient Molière de son mariage avec Armande Béjard, de vingt ans plus jeune que lui. Le public ne peut que se placer dans le camp de ces deux jeunes amoureux, touchants par leur vérité. 6 Les Ecoles de Molière sont censées donner une leçon. oh ! D’ailleurs l’aparté d’Arnolphe, avec son insulte à Agnès, « friponne », révèle sa colère. À quelles règles obéit le théâtre classique ? Aussi a-t-il décidé d’épouser sa pupille Agnès, élevée dans l’ignorance. Quelles sont les conditions des représentations ? Malgré les confidences successives d’Horace, toutes les précautions d’Arnolphe pour l’écarter d’Agnès, qu’il veut épouser lui-même, ont échoué. Musée Carnavalet, Paris. Si l'on imagine que la mise en scène place Arnolphe entre eux deux, cela ne peut que produire un effet comique qui achève de détruire toute illusion de vérité. Toutes révèlent, en effet, ses combats contre les hypocrites, contre tous ceux qui affectent des manières artificielles. Les personnages: ARNOLPHE, autrement M. DE LA SOUCHE (le nom renvoie au saint patron des maris trompés "saint Ernol, le seigneur des cocus") Les 1737 alexandrins de la pièces mettent en scène Arnolphe de La Souche, un homme d’un certain âge, qui a pour ambition de se marier. Les interrogations oratoires à la fin de sa tirade tombent dans un excès tel que ce discours amoureux devient une caricature : « Veux-tu que je m’arrache un côté de cheveux ? Parallèlement la scène produit un basculement du mensonge à la vérité. « Innocence » signifie, en effet, « incapable de nuire », or, ici elle le blesse en profondeur, et consciemment. Mais le dénouement lui donne une force supplémentaire, car il a eu la puissance de pousser les jeunes gens l'un vers l'autre, alors même que leurs pères les avaient promis l'un à l'autre. L'école Des Femmes is a contemporary clothing brand owned & designed by Laura Sfez. On peut imaginer le changement de visage d’, Le comique de cette scène vient donc de l'inversion de situation, Certes il évoque toujours Agnès comme « cette jeune beauté » et parle de « sa simplicité », mais on le sent, sincèrement touché par la sincérité d’Agnès, Le public ne peut que se placer dans le camp de, ces deux jeunes amoureux, touchants par leur vérité, Molière profite de cette scène pour se livrer à un éloge de l’amour, l’amour a transformé l’Agnès naïve, un peu sotte même, en une Agnès fine. Madame, Elles y lisent les romans à la mode, y reçoivent de "beaux esprits", conversent autour de leur sujet favori, l'amour. Les Précieuses veulent qu’on « donne du prix » à la condition féminine et elles revendiquent l’égalité entre l’homme et la femme. Pourtant au moment même où il veut « respecter la vraisemblance », Molière s’amuse à subvertir cette exigence, en renforçant l’invraisemblance du double retour par des répliques symétriques, des distiques (2 vers), dans lesquels Oronte et Chrysalde enchaînent les explications en se faisant écho. Et cette conception est soutenue par l'Église, à partir des épîtres de Saint-Paul : pour lui la femme pécheresse est un "cloaque". Il en va de même face à Agnès avec le rôle des apartés quand il écoute le récit de la rencontre d'Horace et l'éloge du jeune homme. Le terme "mariage" est amplifié par la diérèse (vers 695) et associé à "d'austères devoirs", repris au vers 714 : "Son devoir aussitôt est de baisser les yeux". La problématique du mariage est essentielle dans de nombreuses œuvres de Molière. Ainsi la vérité sur la naissance d'Agnès produit un retournement de situation brutal, un coup de théâtre. Décor créé par Christian Bérard pour la mise en scène de Louis Jouvet au théâtre de l'Athénée, en 1936, Ce double lieu, associé au double nom du personnage, est la source du quiproquo sur lequel est fondée l’intrigue de la pièce. Arnolphe, « le nez dans son manteau » pour qu’Agnès ne le reconnaisse pas, l’entraîne. L'école des femmes par Molière Longueur: 1:00 h Publié: 03/08/2009 Vous pouvez télécharger ce livre gratuitement si vous vous connectez avec vos informations de connexion Amazon pour un abonnement d'essai gratuit de 30 jours sur la principale plateforme de livres audio au monde, Amazon Audible. L'École des femmes va bien plus loin : par delà cette situation de théâtre stéréotypée, elle éclaire un moment capital de l'histoire des idées, l'émergence de la conscience individuelle comme référence éthique. La tentative du héros pour se hausser à la noblesse tragique, pour recourir au pathétique afin de toucher Agnès, ne sert en fait qu’à le transformer en un prétendant ridicule. ». Elle a conquis son identité de femme, et cette revanche ne peut que réjouir le public. Difficilement, en raison de la distanciation que Molière prend soin de maintenir. A l’école de l’Amour, Agnès démontre qu’il est dangereux de sous-estimer les jeunes filles. Face à cette découverte, Arnolphe pousse un dernier cri, "Oh! Mais la pièce comporte les principales caractéristiques du comique de mots, à commencer par le "bon mot" d’Agnès cité à l’acte I, scène 4 par Arnolphe : "si les enfants qu'on fait se faisaient par l'oreille". Aussi, pour avoir une épouse à sa guise, il fait élever sa jeune pupille, Agnès, au fond de sa maison, sous la garde d’un valet et d’une servante aussi niais qu’elle. Christian BIET, Cependant, malgré une surveillance très présente, l’homme n’est pas à l’abri d’une infidélité de sa femme. consulté le 14 décembre 2020. Chez Arnolphe, l'obsession de ne pas être "cocu" tourne à la monomanie, et le rend ridicule, par exemple quand il tombe dans l'excès en parodiant le tragique (III, 5). J’ai des pensées que je désirerais que vous sussiez ; mais je ne sais comment faire pour vous les dire, et je me défie de mes paroles. De ce fait, elle s’affirme elle-même, en répondant point par point à Arnolphe dans la stichomythie. En quoi cette scène constitue-t-elle un tournant dans l’intrigue ? Modifié le 15/06/2004 ... L’éducation des femmes et la morale en danger. devenue capable de lutter pour son amour. Pour qu’il y ait une égalité parfaite entre l’homme et la femme, cette dernière doit être instruite. Réhabiliter ce mot est tout sauf du féminisme radical. Elle reposait sur le quiproquo que l'on retrouve au début de la scène 7 : Arnolphe, à qui Horace a demandé son aide pour empêcher son père de le marier, se retourne contre lui, à sa grande surprise : "Ah ! On peut imaginer le changement de visage d’Arnolphe, inquiet, mais qui devra attendre le vers 915 pour savoir quel est cet « incident ». - Moi ? » (v. 563-564). a-t-il sitôt appris cette aventure? La dernière phrase de Chrysalde, "rendre grâce au Ciel qui fait tout pour le mieux", est une façon d'affirmer que l'amour n'est pas blâmable. Une question majeure se pose alors : faut-il instruire les femmes, ou faut-il les éduquer à obéir et à admettre que « du côté de la barbe est toute la puissance » ? URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/l-ecole-des-femmes-moliere/, Encyclopædia Universalis - Contact - Mentions légales - Consentement RGPD, Consulter le dictionnaire de l'Encyclopædia Universalis. Le comique de caractère naît toujours d'un décalage par rapport à la norme sociale. Mais derrière cette jalousie, on sent la possessivité d’Arnolphe, son égoïsme profond, et son orgueil blessé, qui le conduisent jusqu’à la menace de violence : « une gourmade », « quelques coups de poing » (v. 1564-1567). Travailler la biographie de Molière. Parallèlement Arnolphe se livre à une violente critique des femmes. » (v. 1537-1538) Il semble alors enfin comprendre ce que lui expliquait Horace : « Chose étrange d’aimer » (v. 1572) Il en arrive ainsi à supplier Agnès (« aime-moi ») en se lançant dans un long discours où il renonce à tout ce en quoi il croyait, à commencer par la soumission qu’il exigeait : « Tout comme tu voudras tu pourras te conduire » (v. 1596). Après le récit naïf de leurs rencontres par Agnès, Arnolphe interdit à la jeune fille de le voir, lui ordonnant de jeter "un grès" par la fenêtre pour le chasser: "Je suis maître, je parle : allez, obéissez." Elle a vingt ans de moins que lui... on imagine aisément les commérages ! Ce texte met donc en place une inversion des rôles : c’est à présent Agnès qui exerce sa domination sur Arnolphe avec sa maîtrise du langage et une claire conscience de ce qu’elle attend de sa vie future. tout semble se résoudre au dernier moment, comme par miracle ! Les attaques vont bon train, renforcées par, la gloire, en jouant pour les Grands, pour la Cour, à la demande du Roi qui le pensionne, Vers 1600, c’est le règne des contes, des farces et des fabliaux, genres littéraires hérités du moyen-âge : l’on s’y moque des femmes et de leurs multiples défauts, et des maris trompés. Il est enfermé dans l'orgueil de sa propre supériorité comme en témoigne le ton solennel adopté au début du texte, avec "bénir l'heur de votre destinée", comme si cet union se faisait avec un dieu qui daignait s'abaisser à épouser une simple mortelle, ou "nœud glorieux" avec la diérèse qui renforce l'adjectif. Il va ainsi se faire ses premiers ennemis, les "dévots", alors puissants. L'ÉCOLE DES FEMMES COMÉDIE en CINQ ACTES MOLIÈRE 1662 Publié par Gwénola, Ernest et Paul Fièvre, Janvier 2015 - 1 - - 2 - L'ÉCOLE DES FEMMES COMÉDIE en CINQ ACTES Molière 1662 Réprésentée sur le Théâtre du Palais-Royal le 26 décembre 1661 - 3 - À MADAME. Huile sur toile, 75 x 70. Arnolphe, en effet, n’a pas vraiment changé, comme le montre l’encadrement de son discours. Sur deux points, cette pièce apportait des nouveautés importantes. Cela reflète, une société où la femme est le jouet de l’homme, le mariage est une institution qui ne repose pas sur l’amour mais sur la puissance de l’autorité, Les hommes, eux, pensent qu’il est bénéfique d’épouser de jeunes filles naïves, elles savent le plus souvent à peine lire et écrire, L’existence d’un double lieu est mentionné par Arnolphe dans la scène d’exposition, quand il explique à Chrysalde : « [… comme ma demeure / À cent sortes de monde est ouverte à toute heure, / Je l’ai mise à l’écart, comme il faut tout prévoir, / En cette autre maison où nul ne me vient voir. Les femmes et les filles afghanes sont laissées pour compte par le système judiciaire du pays, leur accès à la justice pour les crimes de violence restant précaire, selon un nouveau rapport des Nations Unies publié ce lundi, qui s’inquiète aussi du nombre de femmes se suicidant, s’immolant en raison de la … Ainsi, chaque "confidence" d'Horace entraîne une "précaution" d'Arnolphe, mais chaque "précaution" se révèle inutile et se retourne contre lui. Cela révèle aussi son égoïsme. » (II, 5) Puis il lui annonce, dans la scène 2 de l’acte III, qu’il est lui-même son futur époux, en la félicitant de son obéissance. Emmanuel Macron proclame la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes grande cause nationale du quinquennat. Après la période de l'Illustre théâtre", fondé en 1643 avec Madeleine Béjart, et les difficultés financières alors rencontrées, Molière s'installe dans la salle du Petit-Bourbon, qu'il partage avec les Comédiens Italiens. Au lieu d'être un sujet heureux et une source de joie, c’est un sujet qui entraîne des conflits et des tensions entre les personnages. Pour échapper à ce reproche, Molière prend donc soin d’annoncer ce retour, dès la scène 4 de l'acte I : on y apprend l’arrivée prochaine du père d'Horace accompagné d’un « seigneur Enrique », mais Horace déclarait alors : "La raison ne m'en est pas connue". Elle ose d’abord le contredire : « Oh ! […] Lire la suite, du pays dont ils avaient pris le contrôle, à la suite de discussions entre les chefs islamistes et les autorités locales. Son « innocence » a été soulignée par Arnolphe, ainsi que son ignorance : « la rendre idiote autant qu’il se pourrait ». » (v. 946). Huile sur toile. D'après Abraham Bosse, Conversation de dames en l'absence de leurs maris : le dîner, XVII° siècle. Après de brèves salutations, des vers 844 à 852, le passage, qui répond à l’interrogation d’Arnolphe, est construit en deux temps, inverses, le triomphe d’Arnolphe face aux échecs d’Horace (vers 852-895) et son dépit en apprenant la ruse d’Agnès (vers 896-947), introduits par le connecteur d’opposition « Mais ». Un an plus tard, en juin 1661, Molière créait L'École des maris . Illustration pour l'édition de 1719 de L'École des femmes : Agnès entre Arnolphe et Horace. French high-quality classics you always dreamt of but could never find. Incapable de créativité dans la parole au début de la pièce, elle peut à présent conduire un raisonnement, Elle a également pris conscience de son ignorance, due à la volonté d’Arnolphe, et exprime, Acte III, scène 2 : Les devoirs du mariage, "l'innocence" d'Agnès, soigneusement entretenue par Arnolphe, un éloge de sa propre personne pour lui montrer à quel point il lui fait une faveur en l'épousant. On me dit fort, que tous les jeunes hommes sont des trompeurs, qu’il ne les faut point écouter, et que tout ce que vous me dites n’est que pour m’abuser ; mais je vous assure que je n’ai pu encore me figurer cela de vous, et je suis si touchée de vos paroles, que je ne saurais croire qu’elles soient menteuses. , Puis Horace crée un effet d’attente, par le connecteur d’opposition « Mais », et la reprise du verbe : « ce qui m’a surpris », « va vous surprendre » (v. 896). » (v. 880). » Cette affirmation de soi va de pair avec une forme d’égoïsme, nécessaire pour se protéger : ses réponses sont blessantes pour Arnolphe, dont elle rejette les déclarations d’amour. Dans un second temps, Molière profite de cette scène pour se livrer à un éloge de l’amour. un effet comique qui achève de détruire toute illusion de vérité. Mais immédiatement débutent les polémiques et les conflits avec ceux que Boileau nommera les "mille esprits jaloux": pédants, soutenus par le célèbre Chapelain, partisans de Corneille qui le jugent attaqué, comédiens rivaux de l'Hôtel de Bourgogne, avec, à leur tête, l'acteur Montfleury... sans oublier un bon nombre de "Précieuses" et de "petits marquis... Les attaques vont bon train, renforcées par le mariage, en 1662, avec Armande Béjart, sœur de Madeleine selon l'acte notarié, fille de celle qui fut longtemps la compagne de Molière, selon les ennemis de celui-ci. », « Peste ! Dans quels théâtres se jouent les pièces ? Sa comédie est également un plaidoyer en faveur de la nature. » (v. 923) qui marque sa surprise devant le silence d’Arnolphe, obligé de se contraindre. On note aussi le comique de répétition, comme le chapeau ôté de la tête d'Alain trois fois dans cette scène, ou la répétition du rejet d’Horace à la scène 4 de l’acte IV. Quelles conceptions du mariage le discours d'Arnolphe développe-t-il ? Elle a mesuré son mépris envers elle, et ne se laisse plus humilier. Un personnage, souvent un dieu ou un envoyé des dieux, descendait d'une "machine" sur scène, et venait tout arranger en révélant la vérité : une naissance secrète, un enfant enlevé... Or, ce procédé n'est guère vraisemblable, car tout semble se résoudre au dernier moment, comme par miracle ! Le public rit du dépit d’Arnolphe qui ne peut apparaître que comme une juste punition d’avoir voulu « tenir dans l’ignorance extrême » (v. 933) Agnès, ce qui est d’ailleurs confirmé par l’aparté d’Arnolphe : « Contre mon dessein l’art [de l'écriture] t[e] fut découvert. Puis elle met en doute, par ses questions, la parole d’Arnolphe (v. 600 – v. 602). Cet éloge est soutenu par une série d’antithèses, qui montre la puissance de ce sentiment sur les traits de caractère : vers 906-907. C’est par Horace que nous apprenons d’abord l’évolution d’Agnès dans les deux actes suivants. Mais Molière s'écarte de la farce par un emploi du comique plus original : il le fait intervenir au moment où la tension dramatique pourrait rendre la situation des personnages pathétique, ou bien quand le conflit s'intensifie. La première porte sur les hiérarchies évoquées (v. 705-708), et est elle-même inférieure à une deuxième gradation : l'énumération des qualités exigées de la femme, avec le renchérissement des "et" (v. 709-711). / Qui diantre tout d’un coup vous en a tant appris ? Dans l’acte III, Agnès ne parle que dans la scène 2, et il ne s’agit même pas d’une parole personnelle, puisqu’elle ne fait que lire "Les Maximes du mariage". C'est le 26 décembre 1662 qu'elle fut représentée la première fois au théâtre du Palais-Royal par la troupe de Monsieur (le frère du roi Louis XIV) dont Molière était le directeur. D’un côté, il y a Plaute, qui, après Aristophane, privilégie les procédés de la farce, jeux cocasses sur les mots, gestes excessifs, jusqu’à la grossièreté parfois. Le débat dans le pays s'élargit à celui du droit des femmes et à la question de l'immigration en France. traître !". C'est ainsi que l'opposition topique de la comédie (les vieux contre les jeunes) prend un sens tout à fait contemporain : les jeunes gens, dont la galanterie et l'amour sont naturels, ne peuvent qu'affronter le monde des vieux où rien n'est véritablement aimable, où tout est contrainte – en particulier l'éducation –, réclusion et obligation ; un monde sans liberté pour les femmes, sans jeu et surtout sans plaisir : « Le mariage, Agnès, n'est pas un badinage./ À d'austères devoirs le rang de femme engage,/ Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends,/ Pour être libertine et prendre du bon temps. « L'ÉCOLE DES FEMMES, Molière - Fiche de lecture », Encyclopædia Universalis [en ligne], Là encore, la scène d’exposition nous apporte l’information. Autant d'éléments qui permettent de mieux comprendre la comédie de Molière. Elle cherche parfois la consolation auprès d’hommes plus séduisants. Classiques. De plus pour l’Église, depuis le péché d’Ève, la femme est un objet de tentation et elle est vouée à la perfidie. Il se réjouit donc par avance de l’échec de son rival : « Oh ! La comédie en cinq actes et en vers “L’école des femmes” de molière a remporté un vif succès dès sa première représentation, en 1662, au théâtre du Palais Royal. Après l'enlèvement, il lui remet Agnès. faut-il tenir compte de leur nature, autrement dit de leur aptitude au plaisir, ou bien faut-il s'appuyer sur la morale des pères et sur la religion pour les tenir dans leurs devoirs de femmes bientôt mariées ? 1er temps de la rencontre : la joie d'Arnolphe, par la Compagnie Jean Thomas, Avignon, Mais, en même temps, Arnolphe est obligé d’être hypocrite en continuant à feindre d’être l’ami d’Horace. Elle est déjà nettement moins « innocente » quand elle le brave en le comparant ironiquement à Horace dans les vers 1539-1540. Arnolphe lui-même signale cette évolution dans la scène 4 de cet acte : « Et vous savez donner des rendez-vous la nuit / Et pour suivre un galant vous évader sans bruit. Mais, à la scène 4, Horace arrive. Dans sa Préface, écrite après les critiques adressées à sa pièce, Molière insiste sur son but premier, faire rire le public : « Bien des gens ont frondé cette comédie ; mais les rieurs ont été pour elle, et tout le mal qu’on en a pu dire n’a pu faire qu’elle n’ait eu un succès dont je me contente. Certains choisiront d'accentuer le poids du comique, d'autres, au contraire, suivront le sentiment de Musset qui déclare à propos de Molière, comme le remarque Musset en 1840 dans son poème "Une soirée perdue" : "Cette mâle gaieté, si triste et si profonde, / Que, lorsqu’on vient d’en rire, on devrait en pleurer.". Arnolphe est un homme d’âge mûr qui aimerait jouir du bonheur conjugal, mais il est hanté par la crainte d’être trompé par une femme. Arnolphe charge alors ses serviteurs de l’en empêcher. Les mariages arrangés vont contre cet instinct naturel, et contre la volonté des jeunes gens, et sont finalement causes d'adultère et de malheur pour les familles. Héritage de la commedia dell'arte, il se manifeste à travers le jeu bouffon des deux serviteurs, Georgette et Alain.
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