Blodgett traite ici de sa traduction d’un autre recueil de Brault, Au fond du jardin. Real Canadians » (1997 : 559). L’illégitimité mise en scène par Desbiens est donc plus polysémique que ne l’envisage Godbout. Mais la perturbation la plus importante a lieu ailleurs : bien qu’il y ait redondance partielle entre les versions anglaise et française du texte, les deux ne se redoublent pas entièrement, même sur le plan diégétique. symbolisme Blodgett le signale dans son commentaire sur son activité traductionnelle dans Transfiguration : ce passage est « one of the rare moments in the book in which the character of our relationship was raised » (2000 : 20). Fichier pdf du poème anglais Sea fever Étude pédagogique Sea-Fever By John Masefield I must down to the seas again, to the lonely sea and the … Continuer la lecture de « Sea Fever Poème anglais » De tels calques sont fréquents sur la page française de L’homme invisible/The Invisible Man. Le bilinguisme est la faculté de parler ou d'écrire couramment deux langues. Dans sa traduction, il évoque l’élévation de l’alouette par son choix de prépositions : Dans le trio des prépositions « au », « sous » et « sur » retenues par Brault, il introduit une progression graduelle : « under », « in », « upon »[13]. Il est cette fois pleinement parodique puisque la symétrie se fait ici railleuse : elle est visiblement employée pour être dénoncée – dénonciation qui a été dûment notée par la critique. Le contraste entre les deux types de rapport à la traduction est frappant. Elle en conclut à un échec de l’identification de l’homme invisible à Audie Murphy. Les Poèmes de Lucy (en anglais The Lucy Poems) est une série de cinq courts poèmes composés entre 1798 et 1801 par le poète romantique anglais William Wordsworth (1770-1850). Sur ce point, la combinaison de formes de traduction métaphorique et pratique, de même que l’alternance des rôles d’auteur et de traducteur entre les poètes, remplissent une fonction essentielle. On le voit déjà dans l’incipit où, tandis que l’expression « Franco-Ontarien » ne trouve pas sa place sur la page anglaise, la page française contient un calque de l’anglais : c’est sans préposition que l’homme invisible « est né à Timmins, Ontario ». Pourtant, son texte s’écarte des conventions propres aux éditions bilingues encore plus intensément que celui de Blodgett et Brault. Les divergences entre les versions, la traversée des langues entre la page de gauche et celle de droite, de même que le bouleversement des attentes quant aux langues de départ et d’arrivée n’en sont pas exclus. littérature britannique Le poème In Flanders Fields a été publié pour la première fois dans le magazine anglais Punch, en décembre 1915. Certes, les écrivains français Rimbaud et Baudelaire, figures de la littérature mondiale que Desbiens récupère comme personnages, possèdent le statut nécessaire pour voyager vers la version anglaise ; mais ils ressortent dégradés de leur passage en Ontario français. De fait, l’emploi de l’anglais pour décrire la mort du protagoniste sur les deux pages souligne l’enjeu linguistique de cette mort et en offre une performance efficace. S’appuyant sur la démarche de traduction qu’il avait adoptée dans Poèmes des quatre côtés, il affirmait : « La langue anglo-américaine m’agressait ? traduction poème dans le dictionnaire Francais - Anglais de Reverso, voir aussi 'poêle',poète',posément',potée', conjugaison, expressions idiomatiques La célébration de l’amitié à laquelle ils se livrent n’élude pas la précarité de leur démarche. Mais, tout autant, elle en reprend certains éléments, qu’elle transfigure – au sens cette fois où elle les améliore. Dans son heureux redoublement du bilinguisme officiel, l’édition bilingue donne forme au récit de Desbiens, ce qui permet de le faire advenir à la représentation. La double dépossession évoquée par Dickson serait celle orchestrée par la loi canadienne : sur la page de gauche, un original français déjà traduit de l’anglais, et dès lors déformé ; sur celle de droite, la nécessité de se traduire soi-même vers l’anglais. Le bilinguisme du récit semble être le principal vecteur de ces interprétations collectivistes pessimistes, que l’introduction de Robert Dickson (lui aussi poète franco-ontarien) programmait dès la publication en soulignant « l’à-propos de ce texte vis-à-vis [sic] une certaine condition franco-ontarienne de double dépossession » (in Desbiens 2008 [1981] : 18)[7]. Passer par le renga permet donc à Blodgett et Brault de se rejoindre en terrain neutre et harmonieux. This article describes their ideological and formal relationships with official bilingualism and with the translation practices associated with it. Dans le nouvel horizon où ils choisissent de se situer, celui du renga, chaque poème de l’un devient une offrande faite à l’autre. À première vue, avec un seul texte par page, il maintient davantage que Blodgett et Brault la division des langues entre la page de gauche et celle de droite. Ses réflexions des dernières années sur la traduction ludique m’ont permis d’approfondir ma lecture de L’homme invisible/The Invisible Man. 2012). Plus encore, il devient un puissant moteur d’écriture. romantisme Ces multiples trajectoires de lecture possibles font écho à la démarche des auteurs, que Brault qualifie dans son texte liminaire « d’écriture oblique du poème », faisant signe à son vis-à-vis (Brault in Brault et Blodgett 1998 : 9). Blodgett ajoutait : « any literary framework that assumes equality of status between these two cultural groups [Blodgett les désigne comme étant « canadian-québécois »] mistakes the nature of the relationship » (1982 : 32-33). Sous-catégories. Les conséquences du bilinguisme sur le cerveau Il faudrait que Desbiens offre son livre à la bibliothèque du Parlement d’Ottawa, et qu’on le place à côté de la Constitution canadienne, comme mémento. En prenant parti pour le français contre l’anglais, Godbout ne sort pas des catégories établies par l’État, qui ne tiennent pas compte de « l’espace tiers » (Bhabha 1994 ; 1996) existant entre les entités qu’elles délimitent[11]. Pourtant, sur les pages bilingues produites par Blodgett et Brault, chaque poème « original » est à la fois texte source (il est générateur du poème suivant) et texte cible (il est une réponse au poème précédent). De 1 immobile mouvement du poème Abraham MoseKleins , La chaise berçante[The RockingChair] , traduit de l'anglais par MarieFrankland ,Édition s du Noroît, 2006 [1948]. Je dois cette observation à Mathieu Simard. On n’a qu’à penser à Fall on Your Knees d’Ann-Marie MacDonald, qui a connu un succès spectaculaire. Shelley est bien le poète des éléments célébré par Bachelard, l'Orphée à la voix merveilleuse, l'amant extatique aux attentes parfois déçues, le créateur de mythes qui réenchantent l'univers. D’un autre côté, le fait que de nombreux éléments discursifs de leur vie quotidienne ne soient accessibles aux francophones que par des formulations créées à partir d’une autre langue préoccupe tant les experts que les locuteurs du français eux-mêmes et contribue à une perception de la traduction comme menace. Cette campagne a atteint une popularité record grâce à un monologue nationaliste dont le protagoniste affirmait fièrement : « I speak English and French. One day something changed I’m not sure what it was. Ces textes poétiques empruntent – mais pour les détourner – les codes de l’édition bilingue. La reconnaissance officielle qui les caractérise, ici, justifie le présupposé de symétrie. Néanmoins, puisque Bhabha l’envisage comme un espace de traduction, le concept peut être mis en lien avec les littératures des minorités linguistiques au Canada (voir Simon 1999). Dans un tel contexte, le bilinguisme littéraire est difficilement acceptable (voir Grutman 2000 : 144-145 ; Godbout 1972 : 153) tant il apparaît comme un retour en arrière. Une telle démarche s’oppose au bilinguisme officiel. Or, sa première compagne québécoise, malgré la vaste expérience des rencontres qui lui est supposée, est sans repères devant lui : Il y a une rumeur qui dit qu’elle couche avec tout ce qui bouge. En somme, Desbiens se sert de la symétrie des pages mises en regard pour dénoncer la fragilité d’une langue source incapable d’agir comme telle tant la langue cible est envahissante. Critiques, citations (9), extraits de Poèmes : Edition bilingue français-anglais de Percy Bysshe Shelley. Les plus célèbres poèmes en anglais La poésie anglaise est inimaginable sans Robert Frost. Outre les textes étudiés ici, Two shores/Deux rives de Thuong Vuong-Riddick (1995) est une autre édition bilingue digne d’intérêt de ce point de vue. Certes, comme en témoigne l’incipit, c’est bien sur la page anglaise que l’homme invisible disparaît le plus complètement. L’étude mentionnée ci-dessus est une version reprise et augmentée de : Le détournement de la formule de l’édition bilingue auquel s’adonnent Desbiens d’un côté et Brault et Blodgett de l’autre a reçu d’emblée, dans les deux cas, une interprétation critique en lien, mais aussi en contraste, avec les politiques canadiennes sur les langues officielles. Toutefois, la page française n’a pas pour lui une fonction de refuge. La seconde remarque est méthodologique et vise à prendre en compte les divergences existant entre deux textes qui font pourtant sensiblement le même exercice. L’auteure d’origine vietnamienne et établie en Colombie-Britannique présente un recueil de poèmes autobiographiques qu’elle formule dans les deux langues officielles. «Robert Lee Givre Robert Lee Frost 26 Mars, 1874, San Francisco — 29 Janvier, 1963, Boston, MA) — l’un des plus grands poètes de l’histoire des États-Unis, quatre fois lauréat du prix Pulitzer,» — dit Wikipedia. Essays in the Canadian Literatures : « binarism in Canada, while it is a violent stasis, masks, in fact, an anglophone hegemony » (1982 : 9). Elle se sert plutôt des images pour les doter d’autres sens. Le discours sur, dans leur cas, est aussi un discours par. 13 oct. 2012 - Chansons et poèmes sommaire Anglais cycle III CM1 CM2 Aide à l'enseignement au cycle III fichier audio téléchargement À l’encontre du discours de méfiance dont il était alors entouré, Jacques Brault a été un des premiers intellectuels franco-québécois à connoter positivement, dès ses Poèmes des quatre côtés en 1975, la traduction de l’anglais (voir Simon 1994 : 59 ; Larose 2004 : 352 et 369-370 ; Côté 2007 : 164), à laquelle il s’adonnait à cette occasion. Dorénavant, les citations d’un seul des côtés de la page double seront suivies de la lettre a pour anglais et f pour français. +++ Monographie ###Recueils étudiés : L’homme invisible / The Invisible Man (1981) et Poèmes anglais (1988). poème en anglais sur l'école You are here: Vignobles Laurent Mazeau-Bergström » Non classé » poème en anglais sur l'école Published on: Tuesday - 29 December 2020 L’opposition est plutôt à une « symétrisation » où la symétrie serait mimée sans qu’il y ait échange véritable. Par delà des thèmes et expressions qui facilitent l’entente, toute la structure du recueil est modelée de façon à adoucir les heurts. Ce genre d’ami peut être […] De plus, Desbiens use de maintes autres stratégies pour renverser la direction attendue de la traduction, c’est-à-dire de la langue et du texte sources vers la langue et le texte cibles. Audie Murphy « ne parle pas français/doesn’t speak French » (Desbiens 2008 [1981] : 6), tandis qu’on peut lire l’anglais de Rimbaud sur les deux pages : Telle que la manie le poète, la formule de l’édition bilingue est bel et bien subvertie d’une manière qui met le bilinguisme officiel en accusation. Il y dénonçait le sort fait à son « fils dépouillé », dont « on ne reconnaît pas » la langue maternelle (1972). Pourtant, sur les pages bilingues produites par Blodgett et Brault, chaque poème « original » est à la fois texte source (il est générateur du poème suivant) et texte cible (il est une réponse au poème précédent). Il fut aussi le poète romantique le plus engagé, à la fois héritier des Lumières, rationaliste ardent et prophète aux accents bibliques, rêvant d'une révolution sans violence et d'une humanité sans Dieu ni maître sur une terre devenue paradisiaque. Et aussi des jeux (Games), et des liens (Links) vers d'autres sites sur le même thème. Le 29 janvier 2018, la police chinoise fait irruption au domicile d'Abduqadir Jalalidin. Essais critiques sur les littératures d’expression française en Amérique du Nord, Ottawa, Le Nordir (Roger-Bernard), 2001, p. 23-54. Ce faisant, ils corrigent la loi, la réécrivent. Plusieurs textes littéraires canadiens thématisent le bilinguisme anglais-français dans ses liens avec le discours de l’État. Dans les traductions de la trame du bas, l’ordre d’apparition des langues s’inverse par rapport à la trame du haut. romantique C’est là une distinction dont Sherry Simon souligne les enjeux : [When] translation is […] a benevolent act of generosity towards a friend from distant lands, transactions across languages do not threaten the integrity of either host or receiving culture. Ce travail est par ailleurs redoublé dans d’autres domaines de la vie canadienne. Vous y trouverez de nombreux poèmes s'adressant aux petits, parfois lus (rubrique Podcast) ou en vidéo. La formule de l’édition bilingue subit toutefois, dans les deux cas étudiés ici, d’importants réaménagements. Or, comme la création de tels documents s’effectue le plus souvent dans la langue de la majorité, c’est de l’anglais vers le français qu’ont lieu la plupart des traductions (voir Blodgett 1982 : 29-30 ; Juel 1999 : 239 ; Taravella 2011 : 4). Écrivant « faisant amitié avec des mots », il semble décrire la démarche qui est la leur dans Transfiguration. Il n’est pas si différent de Godbout, qui reconnaît les autres francophones du Canada, mais au passé seulement. poésie La conclusion de son poème montre pourtant que Blodgett n’est pas sourd au symbolisme de l’oiseau – et même qu’il en joue, lui juxtaposant un autre symbole politique canadien : Au pluriel, « solitudes » évoque les deux solitudes rendues célèbres par le romancier Hugh MacLennan (1945), comme si Blodgett avait répondu au cliché de Brault (l’alouette) par un autre cliché (les deux solitudes). Le segment où elle intervient laisse entrevoir un entrelacement plus complexe de significations : Lucie Hotte est la seule critique à avoir porté une attention méticuleuse à la figure d’Audie Murphy. Selon Marie-Chantal Killeen, « le récit fait état de la difficulté […] irréductible de faire entrer la langue des Franco-Ontariens dans le jeu de la représentation » (1997 : 181). littérature anglaise Pour Tremblay, la forme du texte fait écho à cette structure binaire. Gaston Tremblay, par exemple, refuse de voir dans L’homme invisible/The Invisible Man un « texte politique », affirmant qu’on y trouve « plutôt l’expression de la douleur organique que vivent les auteurs franco-ontariens » (1996 : 206). Friends are friends forever together ’till the end. Ce choix ne saurait être innocent : faut-il rappeler la charge symbolique associée à l’alouette en contexte québécois et canadien ? Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ? En effet, s’il a une existence historique avérée, le terme de Canadien français est tombé en désuétude dans les diverses communautés franco-canadiennes après la nationalisation de la culture québécoise dans les années 1960 (voir Hotte 2000b : 53-54). Reproduction autorisée par les Éditions du Noroît. Son analyse fait voir le contraste entre l’homme invisible, qui « sait comment mourir », et Audie Murphy, dont la notoriété tient précisément à ce qu’il « ne savait pas mourir », à « son “aptitude” à survivre à tout » (Hotte 2000a : 167). La restriction se confirme au troisième vers, qui ramène avec l’intervention d’une mésange les poètes au thème de la nature. Ce que Blodgett ne dit pas à cet endroit mais qui transparaît dans Transfiguration, c’est que le renga, d’après ses spécialistes, est affaire de transformation (voir Konishi 1975 : 42 ; Ogawa 2011 : 264). Voir Leclerc 2010 : 325, n. 98 ; et Leclerc et Nolette 2014 : 271. Au Canada, le terme a pris une connotation plus particulière : c'est la faculté de communiquer (ou le fait de communiquer) dans les deux langues officielles du Canada, l'anglais et le français. L’absence de hiérarchie recherchée est d’ailleurs le premier aspect du texte à être présenté en note liminaire : A renga is a poem for one-legged dancers. Après avoir quitté son Timmins natal puis passé du temps à Toronto, l’homme invisible aboutit au Québec, où il « falls in love in French » (Desbiens 2008 [1981] : 26a). On a ici affaire à un récit d’illégitimité radicale, où le poète se forge paradoxalement, à même le texte de la Loi sur les langues officielles, une position de hors-la-loi – invisible parce que hors la langue telle qu’officiellement désignée, et dès lors hors la représentation[10] : Godbout relève avec justesse la douleur occasionnée par l’anglais dominant dans le récit. Rather than maintaining separation between languages and identities, these versions shuffle them. Ce qui frappe davantage dans ce contexte dénonciateur, c’est leur proximité avec le modèle du bilinguisme officiel. C’est dire qu’en plus d’offrir une parodie du bilinguisme officiel, Desbiens offre une parodie… de cette parodie. Comme Transfiguration, L’homme invisible/The Invisible Man marque donc le passage des saisons, et c’est le détournement de la symétrie du bilinguisme officiel qui lui permet de le faire. Les interprétations disponibles accolent quasi systématiquement le mot « disparition » à L’homme invisible/The Invisible Man et lui donnent d’emblée une signification collective (ainsi, Lasserre 1995-1996 : 67 ; Paré 2007 : 1988 ; Lagacé 1999 : 86 ; J. Melançon 2008 : 6). Babelio vous suggère, Autres livres de Percy Bysshe Shelley (21), Poèmes : Edition bilingue français-anglais. Pour la plupart de ses mentions d’oiseaux, Blodgett emploie tel qu’attendu le pronom neutre « it ». En revanche, dans L’homme invisible/The Invisible Man, la proximité est à la fois inévitable et insoutenable. (Je ne détiens aucun droit sur cette création radiophonique. D’autre part, même chez les anglophones et même chez ceux parmi eux (nombreux) qui ne maîtrisent pas le français, le bilinguisme anglais-français joue un rôle non négligeable dans la construction de l’identité nationale. Récit utopique, Transfiguration reste ancré dans l’histoire de la minorisation franco-canadienne qui se trouve au coeur de L’homme invisible/The Invisible Man. Cette interprétation, on le voit, n’épuise cependant pas le fonctionnement du clignotement dans le texte. poème sur soi meme en anglais. La quête d’harmonie fait en sorte que la transfiguration soit graduelle et bidirectionnelle. La lecture des deuxpages est nécessaire à l’appréhension du texte dans sa globalité. Que ces textes se montrent tous deux critiques à l’endroit du bilinguisme officiel semble aller de soi, surtout si on prend en compte le discours social en circulation dans les milieux où frayent les auteurs et le fait qu’ils ont contribué à ce discours. Ici, la dénonciation n’est pas une dissociation, puisqu’à travers elle le bilinguisme officiel est encore pris pour cadre. Pour le dire dans les termes de Charlotte Melançon, Transfiguration appartient donc « à un genre culturel étranger » (2000 : 11), dans le temps comme dans l’espace. Elle invite à un comparatisme attentif aux divergences existant entre diverses modalités de la rencontre des langues, même quand ces modalités semblent rapprochées. condition humaine Fil de presse. Le premier oiseau qu’il retient, celui qui lui permet de faire entendre sa voix, est l’alouette (voir Brault in Blodgett et Brault 1998 : 11). Dickson soulignait cet à-propos avec dérision, affirmant d’abord qu’il serait « lourd, pédant et gauche (not necessarily in that order) de [le] souligner » (in Desbiens 2008 [1981] : 18). En relisant le poème d'AbrahaMosem sKlei n intitul «é The Rocking Chair », qui donne son … Brault résume cette double position dans son texte liminaire : Ainsi avons-nous écrit en étrange familiarité, grâce à une amitié qui ne s’est pas donné d’alibi en cherchant à gommer nos différences. Pour Desbiens, il n’y a pas de lieu sûr où retourner hors de la rencontre des langues. Et la douleur qui y est exprimée est explicitement liée à la déception que lui occasionne ce séjour dans un lieu où il n’est pas arrivé à se reconnaître : He thought all French-Canadians worthy of their name belonged there. Trembler, luire un instant et disparaître. Pas étonnant que l’homme invisible ait deux langues maternelles sur la page française et une seule – l’anglais – sur l’anglaise (voir Desbiens 2008 [1981] : 39). Godbout se réfère d’ailleurs au texte de Desbiens en omettant le versant français de son titre, puisqu’à ses yeux l’ouvrage relate de toute façon le glissement vers l’anglais que le bilinguisme officiel canadien entérinerait. Chez Brault et Blodgett, le contexte de la loi réapparaît – véritable retour du refoulé –, malgré la démarche consciente que les poètes entreprennent pour s’y soustraire. En insistant sur les éléments folkloriques associés à la culture canadienne-française, la page anglaise situe la culture canadienne-française dans un temps reculé – révélant par ce « denial of coevalness » (Fabian 1983 : 31) un rapport colonial entre les deux cultures dites fondatrices du Canada. Both of these texts have been commented upon for their parodies of the symmetrical bilingualism promoted by Canada’s Official Languages Act. Amis qui sont fidèles sont toujours là pour vous faire rire quand vous êtes en bas , ils ne sont pas peur de vous aider à éviter les erreurs et ils regarder dans votre meilleur intérêt. Un appel de la mer pour tout navigateur resté trop longtemps à terre. À la transfiguration des premiers répond l’altération du second, cette déviation néfaste qui le mène à l’exclusion. Le bilinguisme: définition Idées reçues Les avantages Le bilinguisme: définition Définir le bilinguisme en quelques mots est problématique car tout comme chez les monolingues, le langage des individus bilingues peut avoir différentes caractéristiques. Dix-sept ans plus tard, en 1998, paraissait Transfiguration, coécrit par le Québécois Jacques Brault et l’Albertain E. D. Blodgett. Victimes de l’inégalité des univers où ils sont transposés, ils servent moins d’influence qu’ils ne reçoivent celle de la culture anglo-américaine : À un Rimbaud rétrogradé fait face Audie Murphy, héros de guerre, vedette de cinéma et idole de l’homme invisible enfant. Au contraire, Transfiguration semble se caractériser par un éloignement de tout enjeu politique. L’inspiration que les poètes se reconnaissent – et à laquelle Blodgett assimile explicitement leur démarche dès l’incipit du recueil (voir Blodgett in Blodgett et Brault 1998 : 8) – est le renga, un art poétique japonais dont la popularité a culminé il y a plusieurs siècles (voir Horton 1993 : 443 ; Brazell et Cook in Konishi 1975 : 29). Pour Blodgett comme pour Brault, l’asymétrie entre l’anglais et le français est un donné social qu’il ne sert à rien de nier, et à partir duquel il faut au contraire travailler pour un tant soit peu le contrer. Dans cette perspective, le rôle d’une figure comme celle d’Audie Murphy ne tient pas seulement à son ignorance du français. LeclercUniversité McGill, Montréal, Québeccatherine.leclerc@mcgill.ca, Volume 59, Numéro 3, Décembre 2014, p. 494–516Traduction et plurilinguisme officiel, Tous droits réservés © Les Presses de l’Université de Montréal, 2015. Le recueil était une collaboration entre les Éditions du Noroît au Québec et les éditions BuschekBooks, sises à Ottawa. Si les créateurs souhaitent, pour quelque raison que ce soit, que je retire cette vidéo, je le ferai. La traduction de Blodgett, telle qu’il la décrit, « ne cherche pas avant tout les équivalences. De très nombreux exemples de phrases traduites contenant "sur le poème" – Dictionnaire anglais-français et moteur de recherche de traductions anglaises. Dans son analyse du « regard doxologique sur la traduction » à travers l’histoire du Canada français, Sherry Simon fait remarquer, à l’aide de nombreux exemples, que « [c]e sont souvent les effets délétères de la traduction sur la langue qui ont été relevés » (voir 1994 : 37 ; 39-40). » Pour Jin’Ichi Konishi, le processus de création d’un renga « is meant to be pleasant and elevating » (1975 : 33). Eh bien ! S’il peut être nommé sur la page française, son statut de Franco-Ontarien n’est pas toujours perçu par les Québécois qu’il rencontre. Dans le premier vers de cette réponse, Brault, on l’a vu, reprend à son compte l’amitié introduite par Blodgett. De très nombreux exemples de phrases traduites contenant "poème anglais" – Dictionnaire anglais-français et moteur de recherche de traductions anglaises. Adoptant à cette fin une forme qui les rapproche singulièrement, tous deux empruntent – mais pour les détourner – les codes de l’édition bilingue. Diffusion sur France Culture le 16 septembre 2018. C’est dire que le texte anglais de Desbiens adopte un terme qui, en français, serait anachronique.